Point de vue 26/07/2025

Prévention au travail : pourquoi repenser le partenariat avec les mutuelles ?


Les faits : un poids invisible, mais coûteux ou pourquoi la prévention collective devrait intéresser les mutuelles

Les mutuelles d’entreprise couvrent majoritairement les pathologies dites “ordinaires”. Pourtant, en France, 80 % des arrêts de travail ne relèvent ni d’un accident du travail ni d’une maladie professionnelle, selon les dernières données disponibles en 2024 (Connexion France, 2024).

Leur poids financier est considérable. À elle seule, l’absentéisme a représenté un coût estimé à 108 milliards d’eurospour les entreprises françaises en 2022. Ce montant, issu d’analyses économiques nationales, inclut les salaires maintenus pendant l’absence, le remplacement des salariés, la désorganisation, la perte de productivité, ainsi que l’ensemble des coûts de gestion RH associés (recrutement temporaire, surcharge, reformation) (Connexion France, 2024).

Les TMS à eux seuls représentent également plus d’un milliard d’euros par an en coûts directs et indirects, selon les données de la CNAM et de l’INRS (INRS).

Autrement dit : le coût est réel, massif, récurrent… et encore largement subi, faute d’actions coordonnées de prévention en amont.

Engager les mutuelles dans une logique de prévention ne relève pas uniquement d’un idéal social. C’est une démarche rationnelle, stratégique, économiquement efficace. Plusieurs études internationales, notamment menées aux États-Unis, montrent qu’un programme de santé structuré en entreprise peut réduire l’absentéisme de 25 à 30 % et générer un retour sur investissement compris entre 3 et 6 $ pour chaque dollar investi (RAND Corporation, 2014).


1. Ce qui se fait ailleurs dans le monde (et en France)

En Suède, les politiques publiques incitent activement les entreprises à mettre en place des dispositifs de lutte contre le stress et de promotion de la santé mentale. Ainsi, 68 % des entreprises suédoises ont déployé des dispositifs allant de la formation des managers à l’organisation de cercles de parole ou de bilans de santé réguliers (OCDE – Mental Health and Work: Sweden).

Au Royaume-Uni, les assureurs soutiennent la généralisation des formations “Mental Health First Aid”. Ces programmes forment les collaborateurs à repérer les signaux de souffrance psychique chez leurs collègues et à orienter vers les ressources adéquates (MHFA England).

Aux États-Unis, de nombreux “wellness programs” intègrent téléconsultation, coaching individuel, éducation à la santé, bilans réguliers, et incitations financières (jusqu’à 300 $) pour encourager la participation. L’assureur Allianz, par exemple, inclut ces programmes dans ses offres collectives (Allianz Life – Employee Wellness Program).

En France, plusieurs acteurs mutualistes se distinguent. Harmonie Mutuelle propose des des actions de sensibilisation à l’ergonomie, des bilans sommeil ou nutrition en entreprise, via un réseau structuré de 35 chargés de prévention et 380 intervenants experts (Harmonie Mutuelle – Rapport SFCR 2024). Très bien Maximilien, voici le nouveau paragraphe 3 de ton article, enrichi avec les données sur AXA, Allianz, Malakoff Humanis, AG2R La Mondiale et MGEN**, rédigé dans le style presse, avec sources officielles insérées en fin de paragraphe. Le ton et la fluidité sont cohérents avec le reste de l’article.


2. Ce qui se fait ailleurs dans le monde (et en France)

Dans plusieurs pays européens et anglo-saxons, cette logique de prévention intégrée est déjà une réalité.

En Suède, les politiques publiques incitent activement les entreprises à mettre en place des dispositifs de lutte contre le stress et de promotion de la santé mentale. Ainsi, 68 % des entreprises suédoises ont déployé des dispositifs allant de la formation des managers à l’organisation de cercles de parole ou de bilans de santé réguliers. L’approche y est holistique et normalisée. Elle est fondée sur la conviction que le stress professionnel est un risque comme un autre, à identifier et à traiter (OCDE – Mental Health and Work: Sweden).

Au Royaume-Uni, les assureurs soutiennent la généralisation des formations “Mental Health First Aid”. Ces programmes forment les collaborateurs à repérer les signaux de souffrance psychique chez leurs collègues et à orienter vers les ressources adéquates. Des entreprises comme Allianz Partners UK ont désigné des “champions santé mentale” formés en interne, contribuant à désamorcer précocement les situations à risque (MHFA England).

Aux États-Unis, de nombreux “wellness programs” intègrent téléconsultation, coaching individuel, éducation à la santé, bilans réguliers, et incitations financières (jusqu’à 300 $) pour encourager la participation. L’assureur Allianz, par exemple, inclut ces programmes dans ses offres collectives, en suivant des indicateurs précis de participation, de satisfaction et de résultats (Allianz Life – Employee Wellness Program).

En France, plusieurs acteurs mutualistes se distinguent.

  • Harmonie Mutuelle propose des actions de sensibilisation à l’ergonomie, des bilans sommeil ou nutrition en entreprise, via un réseau structuré de 35 chargés de prévention et 380 intervenants experts (Harmonie Mutuelle – Rapport SFCR 2024).
  • AXA France, via son programme “Healthy You”, combine des bilans de santé en entreprise, de la téléconsultation, du coaching bien-être (nutrition, sommeil, activité physique), et des actions ciblées sur la santé mentale ou la prévention des violences conjugales. Elle propose également un accompagnement psychologique 24h/24, ainsi qu’un module de formation des managers à la détection des signaux faibles. Un congé aidant spécifique a été intégré à leur politique sociale pour répondre aux nouveaux enjeux de conciliation entre vie professionnelle et personnelle (AXA Group – Santé et prévention 2024).
  • Allianz Partners, de son côté, propose des programmes bien-être complets incluant l’application mobile “HealthSteps” (suivi de l’activité physique, du stress, du sommeil), un EAP (Employee Assistance Programme) accessible 24/7, ainsi que des campagnes internes sur la santé mentale. En parallèle, le groupe organise les “Allianz Global Health Days” en entreprise, mêlant dépistage santé, activités physiques collectives et bilans personnalisés. L’assureur a aussi soutenu des études nationales sur l’impact de l’activité physique en entreprise en lien avec la performance perçue des collaborateurs (Allianz – Global Health & Wellbeing).
  • Enfin, des groupes comme Malakoff Humanis, AG2R La Mondiale ou MGEN ont structuré des parcours de prévention incluant diagnostics QVT, bilans santé in situ, ateliers thématiques et modules de formation, parfois en lien direct avec les DUERP ou les enjeux de maintien en emploi. Ces démarches visent à rapprocher prévention, performance et accompagnement social, en s’adaptant aux réalités de chaque entreprise (Malakoff Humanis – Observatoire Absentéisme 2023).

Ces initiatives témoignent d’un basculement progressif du rôle des assureurs et mutuelles : de financeurs de soins à partenaires structurants de la prévention. Et si cette évolution reste encore marginale à l’échelle du marché, elle envoie un signal clair : les outils existent, les résultats sont mesurables, et les attentes sont mûres.


3. Étendre la santé comme un continuum : efficacité démontrée

Les études internationales sont claires. Une méta-analyse regroupant plus de 50 études sur les “workplace wellness programs” a montré une baisse moyenne de 26 % de l’absentéisme et une réduction de 32 % des coûts liés aux accidents ou invalidités. Le retour sur investissement atteint 3,27 $ en dépenses de santé économisées et 2,73 $ en absentéisme évité pour chaque dollar investi (Baicker et al., Health Affairs, 2010).

Le véritable changement de paradigme consiste à reconnaître la santé comme un continuum. Il ne s’agit plus de considérer la santé au travail comme un simple enjeu de protection contre les accidents, mais bien comme une dynamique globale qui englobe la prévention, la vigilance, le soutien, l’organisation du travail et les conditions de vie.

Dans cette approche, la frontière entre sphère personnelle et sphère professionnelle s’estompe : le stress, la qualité du sommeil, l’alimentation, l’activité physique, la charge mentale, le sentiment d’utilité, ou encore les relations au travail sont autant de facteurs qui influencent durablement l’état de santé. Or, ces dimensions sont rarement prises en compte de manière coordonnée par les acteurs de la protection sociale.

Et pourtant, les données sont sans appel. Une méta-analyse majeure conduite par Harvard et publiée dans Health Affairsa compilé plus de 50 programmes de “workplace wellness” et démontré une réduction moyenne de 26 % de l’absentéisme, une diminution de 32 % des coûts liés aux accidents du travail et à l’invalidité, et un retour sur investissement de 3,27 $ en dépenses de santé évitées et 2,73 $ en absentéisme réduit pour chaque dollar investi (Baicker et al., 2010).

Concrètement, les entreprises qui adoptent une approche intégrée mettent en place :

  • des bilans de santé individualisés, parfois sur site ou en visio,
  • des formations des managers à la détection de signaux faibles (fatigue, démotivation, désengagement),
  • des ateliers collectifs autour du sommeil, de la nutrition, de la gestion du stress,
  • des plans d’accompagnement pour les salariés fragilisés ou en situation de surcharge,
  • des parcours d’activité physique adaptés et réguliers.

Ces dispositifs ne relèvent plus de l’exception. Ils sont déployés par de grands groupes comme AXA ou Allianz, mais aussi par des mutuelles plus institutionnelles comme Harmonie Mutuelle ou Malakoff Humanis. Leur point commun ? Ils partent de la réalité vécue des collaborateurs, et s’intègrent dans le quotidien des organisations.

Étendre la santé comme un continuum, c’est donc sortir du réflexe “médical” ou “assurantiel” pour entrer dans une logique de protection active et permanente, où la santé est considérée comme une ressource stratégique à préserver — au même titre que les compétences ou l’engagement.

Pour les mutuelles, cette vision ouvre un rôle nouveau : non pas se substituer à l’entreprise, mais l’aider à construire une culture durable de la santé, en cofinançant des actions ciblées, en mettant à disposition des ressources, en accompagnant le pilotage de la prévention, et surtout, en participant à l’évaluation des effets.


Conclusion : un rôle à réinventer

Les mutuelles ont longtemps été les garantes d’une couverture maladie efficace et solidaire. Aujourd’hui, elles peuvent devenir les architectes d’une santé professionnelle durable, en étendant leur mission au champ de la prévention active.

Cela suppose de passer d’une logique curative à une logique prospective. De ne plus seulement réparer, mais prévenir. De ne plus attendre les arrêts, mais anticiper les déséquilibres.

Ce basculement ne pourra se faire seul. Il suppose des alliances nouvelles entre employeurs, médecine du travail, Carsat, sécurité sociale… et mutuelles.

Certaines mutuelles ont déjà commencé à franchir le pas. D’autres suivent. Le moment est venu de structurer cette évolution à grande échelle, en la rendant lisible, mesurable, accessible.

Financer la prévention, ce n’est pas une dépense. C’est un investissement dans l’entreprise de demain — et dans les femmes et les hommes qui la font vivre.


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