Depuis le 1er juin 2025, la gestion des épisodes de chaleur intense est devenue une obligation réglementaire pour toutes les entreprises. Le décret n°2025-482 impose aux employeurs de prévoir des mesures concrètes pour assurer la sécurité et la santé de leurs salariés lors de pics de chaleur.
Mais au-delà de l’obligation, c’est aussi une formidable opportunité de remettre le travail réel au centre des discussions : comment protéger nos équipes sans bloquer l’activité ? Quels aménagements simples peuvent être mis en place ? Quelles bonnes pratiques peuvent être dupliquées ? Voici une méthode complète pour évaluer, préparer, activer et faire évoluer un plan chaleur efficace.
Les grandes lignes du plan chaleur
🔹 Objectif
Assurer la prévention des risques liés à la chaleur pour tous les salariés exposés, en adaptant les conditions de travail en fonction des seuils d’alerte météo.
1. Évaluer le risque « chaleur intense »
Le risque « chaleur intense » doit être inscrit dans le DUERP avec une analyse spécifique des activités concernées.
🔢 Trame type d’analyse des situations exposées
- Poste ou activité concernée
- Lieu d’exposition (intérieur, extérieur, zone non ventilée)
- Horaires habituels (heures les plus chaudes)
- Contraintes physiques (manutention, posture statique, efforts prolongés)
- Port d’EPI requis (tenue, gants, casque…)
- Possibilités d’adaptation organisationnelle (horaires, pauses, rotation)
🔍 Critères d’évaluation des risques chaleur
- Température ambiante réelle sur le lieu de travail
- Tâches physiques intenses sous forte chaleur
- Niveau d’hydratation accessible aux salariés
- Présence ou non de zones d’ombre/repos
- Accès à des pauses régulières
- Signalements ou antécédents de malaises ou coups de chaleur
- Existence de travailleurs vulnérables dans l’équipe
Populations particulièrement exposées :
- Travailleurs en situation d’isolement
- Salariés vulnérables (santé, médicaments, antécédents)
- Apprentis et jeunes travailleurs
2. Préparer le plan chaleur
Cette phase consiste à organiser et documenter l’ensemble des moyens humains, matériels et organisationnels à mobiliser en cas de pic de chaleur.
🧩 Élaboration du plan chaleur
- Constitution d’une fiche procédure interne
- Désignation du référent chaleur / prévention
- Liste des actions à déployer selon l’intensité de l’épisode
- Identification des ressources (points d’eau, zones d’ombre, brumisateurs…)
- Rédaction de fiches mémo pour les équipes et managers
📁 Intégration au DUERP et aux plans de prévention (EE/EU)
- Ajout en annexe DUERP
- Communication au CSE et validation
- Intégration dans les plans de prévention interentreprises si nécessaire
3. Déclencher et activer le plan chaleur
Le plan chaleur s’active dès le déclenchement d’une alerte orange ou rouge de Météo-France.
🔔 Qui fait quoi ?
- Le référent prévention assure la veille météo et active le plan
- Les encadrants adaptent les plannings, briefent les équipes
✅ Mesures immédiates à mettre en œuvre
☑ Hydratation
- 3 litres d’eau fraîche/jour/personne si absence d’eau courante
- Glaçières ou fontaines mobiles sur les chantiers
- Affichage sur les signes de déshydratation
☑ Aménagement des horaires
- Commencer plus tôt le matin
- Pause allongée à la mi-journée
- Suppression ou report des tâches physiques entre 13h et 17h
☑ Espaces de repos
- Zones ombragées avec assise
- Brumisateurs ou ventilateurs à disposition
☑ Organisation du travail
- Rotation des équipes pour limiter l’exposition prolongée
- Travail en binôme pour surveillance mutuelle
- Priorisation des tâches en intérieur si possible
☑ Formation & information
- Briefing quotidien durant la vague de chaleur
- Fiches mémo diffusées par mail ou affichées
☑ EPI et chaleur : un compromis nécessaire
Le port des EPI reste obligatoire, mais l’organisation doit le rendre supportable :
- Allégement des durées d’exposition
- Ventilation des locaux
- Choix d’EPI plus respirants si possible
☑ Travailleurs vulnérables
- Adaptation des tâches ou horaires
- Affectation à des postes plus protégés
☑ Conduite à tenir en cas de malaise
- Arrêt immédiat de l’activité
- Mise à l’ombre et position semi-assise
- Alerte secours et hydratation
4. Évaluer l’efficacité du plan
À chaque épisode de forte chaleur, il est essentiel de capitaliser sur le retour d’expérience :
- Y a-t-il eu des malaises ou incidents signalés ?
- Les équipes ont-elles appliqué les consignes ?
- Les moyens étaient-ils suffisants (eau, zones d’ombre, ventilation…) ?
- Les salariés se sont-ils sentis protégés ?
Un rapide questionnaire terrain ou débriefing d’équipe peut permettre de recueillir ces éléments à chaud.
5. Améliorer et ajuster le dispositif
Un plan chaleur est un outil vivant. Il doit évoluer au fil des retours d’expérience et de l’évolution des conditions de travail.
- Mise à jour annuelle du plan et du DUERP
- Simulation ou test plan chaleur en début de saison estivale
- Réunion de suivi avec les IRP et managers
- Intégration des enseignements dans les futures formations
En conclusion
Le risque chaleur n’est plus une option : c’est une réalité terrain et une obligation réglementaire. Mais c’est aussi un levier de dialogue social et de qualité de vie au travail.
Vous ne savez pas par où commencer ? Faites-vous accompagner pour structurer votre plan chaleur en quelques jours

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