Conseil 01/07/2025

Comment protéger ses salariés face aux fortes chaleurs ?


Depuis le 1er juin 2025, la gestion des épisodes de chaleur intense est devenue une obligation réglementaire pour toutes les entreprises. Le décret n°2025-482 impose aux employeurs de prévoir des mesures concrètes pour assurer la sécurité et la santé de leurs salariés lors de pics de chaleur.

Mais au-delà de l’obligation, c’est aussi une formidable opportunité de remettre le travail réel au centre des discussions : comment protéger nos équipes sans bloquer l’activité ? Quels aménagements simples peuvent être mis en place ? Quelles bonnes pratiques peuvent être dupliquées ? Voici une méthode complète pour évaluer, préparer, activer et faire évoluer un plan chaleur efficace.


Les grandes lignes du plan chaleur

🔹 Objectif

Assurer la prévention des risques liés à la chaleur pour tous les salariés exposés, en adaptant les conditions de travail en fonction des seuils d’alerte météo.


1. Évaluer le risque « chaleur intense »

Le risque « chaleur intense » doit être inscrit dans le DUERP avec une analyse spécifique des activités concernées.

🔢 Trame type d’analyse des situations exposées

  • Poste ou activité concernée
  • Lieu d’exposition (intérieur, extérieur, zone non ventilée)
  • Horaires habituels (heures les plus chaudes)
  • Contraintes physiques (manutention, posture statique, efforts prolongés)
  • Port d’EPI requis (tenue, gants, casque…)
  • Possibilités d’adaptation organisationnelle (horaires, pauses, rotation)

🔍 Critères d’évaluation des risques chaleur

  • Température ambiante réelle sur le lieu de travail
  • Tâches physiques intenses sous forte chaleur
  • Niveau d’hydratation accessible aux salariés
  • Présence ou non de zones d’ombre/repos
  • Accès à des pauses régulières
  • Signalements ou antécédents de malaises ou coups de chaleur
  • Existence de travailleurs vulnérables dans l’équipe

Populations particulièrement exposées :

  • Travailleurs en situation d’isolement
  • Salariés vulnérables (santé, médicaments, antécédents)
  • Apprentis et jeunes travailleurs

2. Préparer le plan chaleur

Cette phase consiste à organiser et documenter l’ensemble des moyens humains, matériels et organisationnels à mobiliser en cas de pic de chaleur.

🧩 Élaboration du plan chaleur

  • Constitution d’une fiche procédure interne
  • Désignation du référent chaleur / prévention
  • Liste des actions à déployer selon l’intensité de l’épisode
  • Identification des ressources (points d’eau, zones d’ombre, brumisateurs…)
  • Rédaction de fiches mémo pour les équipes et managers

📁 Intégration au DUERP et aux plans de prévention (EE/EU)

  • Ajout en annexe DUERP
  • Communication au CSE et validation
  • Intégration dans les plans de prévention interentreprises si nécessaire

3. Déclencher et activer le plan chaleur

Le plan chaleur s’active dès le déclenchement d’une alerte orange ou rouge de Météo-France.

🔔 Qui fait quoi ?

  • Le référent prévention assure la veille météo et active le plan
  • Les encadrants adaptent les plannings, briefent les équipes

✅ Mesures immédiates à mettre en œuvre

☑ Hydratation

  • 3 litres d’eau fraîche/jour/personne si absence d’eau courante
  • Glaçières ou fontaines mobiles sur les chantiers
  • Affichage sur les signes de déshydratation

☑ Aménagement des horaires

  • Commencer plus tôt le matin
  • Pause allongée à la mi-journée
  • Suppression ou report des tâches physiques entre 13h et 17h

☑ Espaces de repos

  • Zones ombragées avec assise
  • Brumisateurs ou ventilateurs à disposition

☑ Organisation du travail

  • Rotation des équipes pour limiter l’exposition prolongée
  • Travail en binôme pour surveillance mutuelle
  • Priorisation des tâches en intérieur si possible

☑ Formation & information

  • Briefing quotidien durant la vague de chaleur
  • Fiches mémo diffusées par mail ou affichées

☑ EPI et chaleur : un compromis nécessaire

Le port des EPI reste obligatoire, mais l’organisation doit le rendre supportable :

  • Allégement des durées d’exposition
  • Ventilation des locaux
  • Choix d’EPI plus respirants si possible

☑ Travailleurs vulnérables

  • Adaptation des tâches ou horaires
  • Affectation à des postes plus protégés

☑ Conduite à tenir en cas de malaise

  • Arrêt immédiat de l’activité
  • Mise à l’ombre et position semi-assise
  • Alerte secours et hydratation

4. Évaluer l’efficacité du plan

À chaque épisode de forte chaleur, il est essentiel de capitaliser sur le retour d’expérience :

  • Y a-t-il eu des malaises ou incidents signalés ?
  • Les équipes ont-elles appliqué les consignes ?
  • Les moyens étaient-ils suffisants (eau, zones d’ombre, ventilation…) ?
  • Les salariés se sont-ils sentis protégés ?

Un rapide questionnaire terrain ou débriefing d’équipe peut permettre de recueillir ces éléments à chaud.


5. Améliorer et ajuster le dispositif

Un plan chaleur est un outil vivant. Il doit évoluer au fil des retours d’expérience et de l’évolution des conditions de travail.

  • Mise à jour annuelle du plan et du DUERP
  • Simulation ou test plan chaleur en début de saison estivale
  • Réunion de suivi avec les IRP et managers
  • Intégration des enseignements dans les futures formations

En conclusion

Le risque chaleur n’est plus une option : c’est une réalité terrain et une obligation réglementaire. Mais c’est aussi un levier de dialogue social et de qualité de vie au travail.

Vous ne savez pas par où commencer ? Faites-vous accompagner pour structurer votre plan chaleur en quelques jours


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