Conseil 14/08/2024

Pourquoi et comment analyser les accidents ?


Selon l’Assurance Maladie, en 2022, sont dénombrés 738 décès parmi les AT reconnus, soit 93 de plus qu’en 2021. À lui seul, ce chiffre fait froid dans le dos et nous rappelle qu’aucune structure, privée, publique ou associative n’est à l’abri d’un accident mortel.

Pourquoi analyser les accidents du travail ?

L’analyse des accidents du travail est essentielle pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle permet de déterminer les causes et les circonstances des accidents afin de mettre en place des mesures de prévention adéquates. En identifiant les facteurs de risque et les défaillances, il est possible de prendre des mesures correctives pour éviter que des accidents similaires se reproduisent.

Ensuite, l’analyse des accidents du travail aide à sensibiliser les employés sur les dangers potentiels présents sur leur lieu de travail. En examinant les accidents passés, on peut mettre en évidence les situations à risque et les comportements à éviter. Cela permet de renforcer la culture de la sécurité au sein de l’entreprise et de promouvoir des pratiques de travail sûres.

De plus, l’analyse des accidents du travail est également importante d’un point de vue légal. Dans de nombreux pays, les entreprises sont tenues de signaler les accidents du travail et de mener des enquêtes pour déterminer les causes et les responsabilités. Cette analyse permet de déterminer si des mesures disciplinaires ou des améliorations des procédures de sécurité sont nécessaires.

Enfin, l’analyse des accidents du travail contribue à l’amélioration continue des conditions de travail. En identifiant les lacunes dans les politiques de sécurité et les pratiques de travail, il est possible de mettre en place des mesures correctives et d’améliorer les normes de sécurité. Cela permet de réduire les risques pour les employés et de créer un environnement de travail plus sûr et plus sain.

En résumé, l’analyse des accidents du travail est cruciale pour prévenir les accidents futurs, sensibiliser les employés aux risques, respecter les obligations légales et améliorer les conditions de travail. C’est un processus essentiel pour assurer la sécurité et le bien-être des travailleurs.

Alors comment faire, quelles méthodes ? 

L’Arbre des causes

Très connues par les spécialistes de la prévention des risques professionnels, la méthode de l’arbre des causes est utilisée pour analyser et comprendre les causes profondes d’un événement indésirable, tel qu’un accident du travail, une panne d’équipement ou un dysfonctionnement d’un processus. Elle permet d’identifier les facteurs qui ont contribué à l’événement et de proposer des mesures de prévention appropriées. Voici les étapes clés de la méthode de l’arbre des causes :

1. Identifier l’événement indésirable : Définissez clairement l’événement indésirable que vous souhaitez analyser. Cela peut être un accident, un dysfonctionnement ou tout autre événement qui a eu un impact négatif sur la sécurité, la santé ou le fonctionnement de l’entreprise.

2. Constituer une équipe d’analyse : Rassemblez une équipe multidisciplinaire comprenant des personnes impliquées dans l’événement, des experts techniques, des représentants de la direction et des personnes ayant une connaissance approfondie du contexte de l’événement. Idéalement, sont conviés la victime, les témoins, le manager, un membre du CSE, une personne du service HSE, un agent du service maintenance (par exemple lorsqu’une machine est impliquée) 

3. Définir l’objectif de l’analyse : Clarifiez l’objectif de l’analyse de l’arbre des causes. Il s’agit de comprendre les causes profondes de l’événement, d’identifier les défaillances du système et de proposer des mesures de prévention. En aucun cas on ne juge, interprète ou détermine des responsabilités. Seuls les faits sont recueillis et analysés. 

4. Collecter les faits : Rassemblez toutes les informations disponibles sur l’événement indésirable. Cela peut inclure des rapports d’incident, des témoignages, des relevés de terrain, des données techniques, des procédures de travail, etc.

5. Définir l’événement de départ : Identifiez l’événement immédiat qui a déclenché l’événement indésirable. Il s’agit de la première cause observable de l’événement.

6. Construire l’arbre des causes : À partir de l’événement de départ, commencez à construire l’arbre des causes en identifiant les causes directes qui ont contribué à l’événement. Ce sont les facteurs immédiats qui ont été identifiés comme étant liés à l’événement. Cette construction se fait de proche en proche par des éléments simple en se posant 3 questions : Qu’a-t-il fallu pour la réalisation de l’événement X ? Cette cause est-elle nécessaire pour la réalisation de l’événement X ? Est-elle suffisante / ou ses causes sont-elles suffisantes pour aboutir la réalisation de l’événement X ? 

7. Vérifier la logique de l’arbre des causes : Évaluez la logique de l’arbre des causes en vous assurant qu’il est cohérent et complet. Vérifiez également qu’il n’y a pas de boucles causales ou de redondances.

8. Proposer des mesures de prévention : À partir de l’arbre des causes, identifiez les mesures de prévention appropriées pour éviter la récurrence de l’événement indésirable. Ces mesures doivent cibler les causes profondes identifiées, ces dernières étant techniques, humaines et organisationnelles

9. Mettre en œuvre les mesures de prévention : Mettez en œuvre les mesures de prévention recommandées et assurez-vous de suivre leur efficacité à travers un suivi régulier.

  1. Vérifier et compléter le document unique d’évaluation des risques professionnels à la lumière de cet événement si nécessaire

La méthode de l’arbre des causes permet une analyse approfondie des causes d’un événement indésirable et facilite l’identification des mesures de prévention appropriées. Elle favorise une approche proactive de la prévention en s’attaquant aux causes profondes plutôt qu’aux symptômes visibles. En contrepartie, elle nécessite une approche extrêmement rigoureuse qui est un frein à son utilisation par des non-spécialistes.

Pour en savoir plus : https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206163

La méthode des 5M

La méthode des 5M est une approche utilisée dans le domaine de la gestion de la qualité pour analyser les causes d’un problème ou d’un défaut. Les 5M représentent les cinq facteurs qui peuvent contribuer à un problème ou à une non-conformité : la main-d’œuvre (Manpower), les méthodes (Methods), les matériaux (Materials), les Moyens (Machines) et le Milieu (Environment). Voici une explication détaillée de chaque M :

1. Main-d’œuvre (Manpower) : Ce facteur concerne les personnes impliquées dans le processus de production ou de prestation de services. Il s’agit des opérateurs, des techniciens, des superviseurs, etc. Les problèmes liés à la main-d’œuvre peuvent inclure un manque de compétences, une formation insuffisante, une mauvaise communication, une fatigue ou une surcharge de travail.

2. Méthodes (Methods) : Ce facteur se réfère aux procédures, aux instructions de travail et aux méthodes utilisées pour effectuer une tâche ou un processus. Les problèmes liés aux méthodes peuvent inclure des procédures obsolètes, des erreurs de conception, une mauvaise planification, des étapes manquantes ou une absence de standardisation.

3. Matériaux (Materials) : Ce facteur concerne les matières premières, les composants ou les fournitures utilisés dans le processus de production. Les problèmes liés aux matériaux peuvent inclure des défauts de matière, une mauvaise qualité des fournisseurs, des erreurs de stockage ou des problèmes de compatibilité entre les matériaux.

4. Moyens (Machines) : Ce facteur se rapporte aux équipements, aux machines ou aux outils utilisés dans le processus de production. Les problèmes liés aux machines peuvent inclure des pannes, des erreurs de réglage, une maintenance insuffisante, une usure ou une obsolescence.

5. Milieu (Environment) : Ce facteur englobe les conditions environnementales dans lesquelles le processus de production se déroule. Cela peut inclure la température, l’humidité, l’éclairage, le bruit, la propreté, etc. Les problèmes liés à l’environnement peuvent inclure des interférences externes, des conditions de travail inconfortables, des risques pour la sécurité ou des facteurs environnementaux qui influent sur la performance.

L’analyse des 5M consiste à examiner chaque facteur individuellement pour identifier les causes potentielles du problème ou de la non-conformité. En identifiant les causes spécifiques associées à chacun des 5M, il est possible de mettre en œuvre des actions correctives appropriées pour résoudre le problème et prévenir sa récurrence.

Il convient de noter que la méthode des 5M peut varier légèrement selon les domaines d’application spécifiques, mais l’idée générale des cinq facteurs reste la même. Cette approche permet d’adopter une perspective holistique lors de l’analyse des problèmes et de prendre en compte plusieurs aspects qui peuvent contribuer à la situation problématique.

Arbres des causes ou 5M ? l’important c’est la suite 🙂

Que vous préfériez l’arbre des causes ou les 5M, finalement peu importe puisque l’important, c’est le plan d’actions… et c’est souvent là qu’est la limite de l’exercice. En effet, souvent, l’analyse est bien faite, les propositions d’actions cohérentes bien que parfois perfectibles, mais il n’est pas mis en oeuvre !

Aussi, maintenant que nous avons abordé les aspects plutôt techniques, voici les bonnes pratiques que je recommande :

  • Suivre les indicateurs, en particulier le taux de fréquence, c’est à dire le nombre d’accidents avec arrêt par million d’heures travaillées
  • Échanger sur ces indicateurs avec les représentants du personnel et le management
  • Analyser les accidents et presqu’accidents
  • Établir des plans d’actions en se posant la question de ce qui peut être transversalisé à d’autres unités de travail / postes / sites / services / …
  • Communiquer sur ces analyses et les plans d’actions associés, y compris leur suivi 
  • Faire le lien avec le DUERP

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écrit par
Maximilien Tassart