Avant la pandémie, penser travail isolé c’était penser essentiellement à certains corps de métiers comme la maintenance, l’entretien, les soins ou encore la sécurité. La proportion de travailleurs exposés était en progression constante.
Depuis la pandémie, la tendance s’est accélérée. Tout type de métier peut désormais être confronté au travail isolé. Le télétravailleur, la personne de l’accueil qui croise de moins en moins de collègues, le seul employé d’un service qui préfère être au bureau quand tous ses collègues travaillent de chez eux, etc.
Plus généralement, c’est la progression de l’automatisation et de la sous-traitance, l’apparition et le développement des horaires atypiques ou encore la démocratisation du télétravail qui augmente la fréquence d’apparition de ce risque.
Mais avec autant de possibilités, comment bien encadrer ce risque ?
C’est à cette question que nous apportons des éléments de réponse dans cet article.
Quels critères prendre en compte pour identifier un risque « Travail Isolé » ?
L’INRS définit le travail isolé comme le fait de réaliser seul une tâche dans un environnement de travail où l’on ne peut être vu ou entendu directement par d’autres personnes, et où la possibilité de visite est faible (source INRS).
L’isolement peut être :
- Temporaire ou permanent
- Physique ou psychique
- Choisi ou subi
Dans tous les cas, c’est un facteur d’aggravation des dommages encourus en cas d’accident ou d’incident par manque d’assistance.
Pour bien définir ce risque il convient de se poser quelques questions :
- Dans quelles conditions peut se dérouler l’activité à ce poste de travail ?
- Quelles contraintes implique la tâche ?
- Des contacts avec des produits ou des équipements dangereux sont-ils possibles ?
- Que se passe-t-il en cas de défaillance ?
- Quelles sont les caractéristiques du lieu de travail ?
- Quel est l’éloignement (distance avec les autres, avec les moyens de communication, etc)
- Quel est le profil du travailleur concerné (âge, expérience, formation)
Cette évaluation doit être menée pour chaque poste de travail, impérativement avec le ou les travailleur.s concerné.s (source INRS).
Une fois identifiés, comment prévenir les risques ?
Travail isolé rime souvent avec PTI (Protection du Travailleur Isolé), du moins c’est ce que certains fabricants voudraient nous faire croire.
Le code du travail, lui, demande comme à son habitude de supprimer le risque à la source. Quand ce n’est pas possible, il demande de privilégier les moyens de prévention collectifs et de n’avoir recours aux moyens individuels que lorsque les moyens collectifs ne suffisent pas. Le recours aux DATI (Dispositifs d’Alarme pour Travailleurs Isolés) n’est donc pas systématique, bien au contraire.
En effet, une prévention efficace du risque « travail isolé » repose plutôt sur :
- La mise en place de mesures organisationnelle (création de procédures, diminution l’occurrence et la durée du travail isolé, suppression du travail isolé pour des postes connus comme dangereux, etc)
- La mise en place de mesures portant sur l’environnement direct, le poste de travail et l’équipement du personnel
- Des actions relatives au déclenchement et à la gestion des secours
- Une bonne formation et information du personnel (source INRS)
Grâce à une analyse de risque qualitative, vous pourrez placer les curseurs d’importance pour chacun de ces axes de prévention et prioriser vos mesures de prévention.
En conclusion…
La prévention du risque « Travail isolé » ne doit jamais se limiter à l’amélioration des capacités d’alarme. Comme tous les autres risques, il doit avant tout être supprimé, évité, réduit ou maîtrisé par tous les moyens de prévention à votre disposition.
On constate cependant des oublis récurrents concernant ce risque. C’est le cas pour les postes isolés essentiels à la sécurité des autres, au personnel particulièrement mobil et difficile à localiser en temps réel ou encore aux nouveaux embauchés ou personnels extérieurs (source INRS). Ils sont certainement dus au manque de recul dont on peut faire preuve lorsqu’on est immergée dans la vie de l’entreprise au quotidien.
Pour vous assurer que ce risque est pris en compte à sa juste valeur dans votre prévention des risques, dans votre document unique et donc dans votre plan d’action, avez-vous déjà pensé à vous accompagner par un expert ?
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