Point de vue 22/01/2019

Le rôle du Responsable HSE (1/2)


Le Responsable HSE, un métier au carrefour de la technique et du social pour anticiper les risques puis les gérer

Quel rôle pour le responsable ou l’ingénieur HSE (Hygiène Sécurité Environnement) dans l’entreprise d’aujourd’hui ?

En préambule…

Autrefois, les entreprises voyaient la sécurité comme une simple application de référentiels tels que le code du travail – pour les employeurs – ou le règlement de sécurité – pour les ERP (Etablissements Recevant du Public). L’approche était donc extrêmement – voire exclusivement- normative.

Aujourd’hui, le rôle du responsable HSE dans l’entreprise est multiple. En effet, il convient d’accompagner l’organisation dans l’anticipation des risques puis dans leur gestion au quotidien. Pour ce faire, le responsable HSE doit s’approprier les approches techniques et sociales et les lier.

Mais qu’en est-il des attentes des organisations et quelles sont les limites de cette démarche en matière de prévention des risques ?null

L’approche technique

Les compétences d’un ingénieur sont nécessaires dans l’approche méthodologique et la capacité d’analyse technique des sujets. Tout d’abord, le responsable HSE doit comprendre les projets, le jargon des différents interlocuteurs et les enjeux afin de bien faire les liens et d’appréhender les sujets dans leur globalité au sein de l’organisation. Par exemple, lorsque nous parlons sécurité incendie, les services de secours et les assureurs nous comprennent mais qu’en est-il des exploitants et des maîtres d’œuvre ?

Récemment, il m’est arrivé, lors de la phase de construction d’un bâtiment de 60 000 m2, de demander un report des coupures d’urgence au poste de garde afin que l’agent de sécurité puisse effectuer en cas d’incendie toutes les opérations de mise en sécurité depuis le poste de garde sans avoir à parcourir les 60 000 m2 du bâtiment pour déclencher les coupures nécessaires à l’intervention des secours… Bien entendu, ceci n’était pas obligatoire (certaines personnes ne comprenaient pas trop l’intérêt au départ puisqu’elles n’avaient jamais exploité de site) et ceci résultait d’une analyse de risque concernant la gestion de la sécurité du site mais également de l’activité des agents de sécurité (imaginez-vous seul à 2h du matin en train de chercher un arrêt d’urgence dans 60 000 m2 avec les pompiers qui arrivent…).

Les approches techniques et ergonomiques se complètent donc pour aboutir à une meilleure maîtrise des risques à un coût économiquement acceptable.

L’approche sociale

En matière de prévention et de gestion des risques, il est évidemment nécessaire d’obtenir l’adhésion du personnel. Même si ceci est évident et qu’il peut paraître tout aussi évident que ces derniers vont adhérer puisque ce sont les premiers concernés, dans les faits, ce n’est pas tout à fait ça: tout le monde a eu des échanges où le salarié dit qu’il travaille de cette manière depuis 30 ans, que ça lui convient et que ce n’est pas à lui qu’on va demander de travailler autrement!

Aussi, le responsable HSE travaille en lien étroit avec la personne en charge des relations sociales, ce qui permet d’aboutir à des accords d’entreprise ambitieux qui traitent des démarches de prévention classiques (pour la réduction des accidents et maladies profession- nelles), des risques psychosociaux et vont jusqu’à des engagements sur les aménagements des locaux, créant ainsi des standards internes à l’organisation qui lui sont propres et qui correspondent à ses besoins concrets sur les aspects techniques, humains et organisationnels. Bien entendu, à l’issue de cette phase, le CHSCT (et prochainement le CSE) est également consulté. De cette façon, les représentants du personnel sont impliqués et l’adhésion est meilleure. Ceci étant, l’implication du management est aussi essentielle et certains managers ne prennent pas en compte leur rôle de relais de la Direction. La formation et l’information du management sur les accords d’entreprise traitant de la santé et de la sécurité au travail est donc une étape clé à ne pas négliger afin de s’assurer qu’ils soient proactifs.

Nous voyons donc l’importance de prendre en compte les aspects sociaux en matière de prévention et de gestion des risques.

La complexité des approches simultanées technique et sociale

Au travers des paragraphes précédents, nous avons bien compris que le responsable HSE se devait d’être à l’intersection de la technique et du social. Il s’agit bien de la spécificité du métier et cette dernière en fait aussi une bonne partie de son intérêt.

Ainsi, il est intégré en phase d’avant-projet, mène les études concernant la sécurité incendie, la sécurité des personnes (voire des biens), la protection de l’environnement et des riverains et établit les dispositions à prendre en matière de prévention des risques, au sens large, en prenant en compte les conditions d’utilisation, et ce sans négliger les aspects économiques (il faut donc parfois être assez astucieux et trouver des solutions innovantes). Ces études ne consistent pas à faire un empilage des différentes réglementations applicables, car ceci aboutirait à des aberrations (comme on voit souvent en la matière, par exemple la mise en place de portes coupe-feu de compartimentage dans des couloirs de bureau à forte fréquentation qui sont munies de ferme-porte pour être fermées en permanence au lieu d’être ventousées en position ouverte et fermées sur déclenchement d’alarme d’évacuation… elles finissent naturellement calées par les utilisateurs) mais bien à revenir à la base de la prévention: l’objectif de sécurité des valeurs protégées pour établir des prescriptions concrètes et adaptées.

L’approche se doit d’être pragmatique et en lien avec les besoins réels et concrets de l’entreprise au lieu d’être une simple analyse juridico-technique telle que nous pouvons la voir habituellement. 

À l’issue ou plutôt en parallèle de ce travail, le responsable HSE va traiter les aspects sociaux, c’est à dire les consultations des Instances représentatives du Personnel (IRP) en expliquant ses analyses et les dé- cisions prises. Il incrémentera ensuite les prescriptions établies avec les demandes formulées par les IRP acceptées.


écrit par
Maximilien Tassart